Entre 1999 et 2006, 100.000 logements ont été construits dans les zones inondables de 424 communes à risques. Ces nouvelles implantations ont surtout contribué à densifier des territoires déjà urbanisés. Dans la majorité des cas, les zones d'expansion des crues ont été préservées.
Selon une enquête que vient de publier le service de l'observation et
des statistiques de l'environnement (SOeS, ex-Ifen) du ministère de l'Ecologie,près de 100.000 logements supplémentaires ont été construits en terrain
inondable entre 1999 et 2006. Ce chiffre correspond à une hausse de 7% sur sept
ans. En dehors de ces secteus, l'augmentation du nombre de logements a été de 6%,
avec 430.000 logements supplémentaires.
Si 424 communes françaises de plus de 10.000 habitants sont soumises à un
risque majeur d'inondation, cette forte croissance de la construction a surtout
concerné une cinquantaine de communes. L'étude du SOeS distingue en effet
quatre groupes de communes selon le rythme de construction en zones inondables.
Quatre familles de communes
Dans un premier groupe de 31 communes, le nombre de logements exposés a
diminué de 7%, ce qui correspond à 3.600 logements. La baisse de la
construction dans les zones submersibles (-4,4%) a été compensée par une hausse
dans les autres lieux (7,2%). Il s'agit en général de communes de taille assez
importante (la moitié compte plus de 12.500 logements) où les superficies
inondables sont relativement peu étendues et moins densément construites que
les autres espaces.
Un deuxième groupe, nettement plus nombreux (190 communes), a connu une
relative stagnation du nombre de logements exposés (2.200 logements
supplémentaires). Le rythme de construction en terrain inondable a été de 2,9%
contre 6,8% en dehors. Ce sont pour l'essentiel des communes plus petites, en
nombre de logements, où les surfaces inondables sont peu étendues et de très
faible densité.
Un troisième groupe, concentrant un tiers des communes à risques (147
précisément), a enregistré une augmentation de la construction aussi importante
en zone inondable qu'en dehors (7%, soit 27.000 logements supplémentaires). A
peine plus grandes que les communes du groupe 2, elles se différencient par des
superficies inondables plus conséquentes et aussi densément construites que les
autres terrains.
Dans un quatrième groupe, totalisant 56 communes, l'augmentation a été très
forte avec 74.000 logements exposés supplémentaires et un taux de croissance
nettement plus élevé au sein des zones submersibles qu'en dehors (8,2% contre
4,4%). Ce sont des communes comptant déjà un grand nombre de logements (plus de
26.500 dans 50% d'entre elles), avec des secteurs inondables plus étendus et
très densément construits.
Une extension urbaine contenue
"Dans les communes des groupes 3 et 4, les logements en zones
inondables se multiplient d'autant plus qu'ils étaient déjà nombreux en
1999", note le SOeS qui souligne que la pression démographique s'est répercutée
par un accroissement similaire du nombre de logements dans les parcelles
exposées et non-exposées. Signe encourageant, malgré tout : le nombre de
communes couvertes par un plan de prévention du risque inondation (PPRI) est
passé de 13% en 1999 à 61% fin 2007. En interdisant notamment la construction
de logements sur les terrains exposés à des aléas très dangereux ou sur des
terrains non-urbanisés qui constituent des zones d'expansion des crues, les
PPRI permettent de limiter l'extension urbaine en zones inondables.
Globalement, au cours de la période étudiée, les surfaces urbaines en zones
inondables n'ont crû que de 3 km2 (+0,7%), soit un rythme nettement moindre que
celui observé pour les logements.
L'étude du SOeS souligne aussi de fortes disparités entre départements. Dans
l'Hérault et en Ille-et-Vilaine, la croissance des logements dans les parcelles
inondables des grandes communes étudiées a été d'environ 20% en sept ans. Dans
l'Eure, la Seine-et-Marne et la Meurthe-et-Moselle, ce taux a été un peu moins
élevé (entre 11 et 16%). Dans les Alpes-Maritimes, le Var et le Val-de-Marne,
le rythme moyen a été de 5 à 8%. A l'opposé, des départements comme l'Isère, le
Tarn-et-Garonne, les Pyrénées-Orientales et les Yvelines ont connu un taux
d'accroissement moindre dans les territoires exposés.
Anne Lenormand